Quel titre rejoindra la désormais grande famille des romans écrits au collège, pour le plus grand plaisir des lecteurs du CDI ?
C’est bien sûr la question qui circulait dans l’assistance de la remise du prix du 6ème concours de romans du collège Les Hauts Grillets. Une table fleurie et un stylo en attente pour la dédicace d’un côté, une autre présentant les ouvrages lauréats des années précédentes de l’autre, partageaient cette interrogation. Mais ce n’était pas la seule ! Qui se cachait derrière les romans qui ont passionné le jury ? A quoi ressembleraient les couvertures ? Quels seraient les retours de lecture ?
Trois œuvres étaient en compétition cette année, et si chacune s’est déployée dans un univers singulier, toutes mettaient en avant des héros et héroïnes bien décidés à déjouer le destin, comme l’ont souligné les élèves jurés chargés de les présenter.

Quel prince ? de Phoebe Gravier, d’abord, un récit qui repose sur le procédé de la métalepse. Ça commence comme dans un conte bien connu, qui magnifie l’adaptation par Walt Disney de l’histoire de Blanche Neige. Puis le récit s’enraye comme un vieux disque, quand l’héroïne tente de s’en échapper. Audacieux, ludique et féministe, Quel prince ? a séduit Gabriel, qui le présentait.
"Je suis passionnée depuis toute petite par la littérature et la lecture, qui permet de découvrir tellement de points de vue et d’univers différents" nous a confié Phoebe. "Ma passion pour ce moyen créatif d’expression m’a encouragée à participer au Concours des Romans des Hauts Grillets. C’est d’ailleurs mon rêve de devenir auteure plus tard, donc ce concours était également l’opportunité parfaite pour m’entraîner davantage à l’écriture en français, puisque je suis plus à l’aise en anglais. Pour le roman, une de mes principales sources d’inspiration est Le Retour Éternel de Clara Hart par Louise Finch, dans lequel le protagoniste témoigne à répétition de la mort d’une de ses amies, une sorte de cercle vicieux. Je souhaitais retravailler une histoire très connue mais ayant besoin de modernité. Cette idée de cycle m’a permis de moderniser le personnage de Blanche-Neige, à l’image d’une femme d’aujourd’hui, plus téméraire et indépendante."
Le procédé a également inspiré Eva Gutsol, l’illustratrice du roman : "Je me suis inspirée de symboles et d’éléments présent dans le conte original, comme la pomme empoisonnée ou la forêt. J’ai placé la pomme au centre de l’illustration avec des chaines, car c’est selon moi un élément moteur de l’intrigue (puisqu’il permet au prince de "manipuler" Blanche Neige) et à la fois celui qui la bloque (parce qu’il fait obstacle à la protagoniste). J’ai privilégié des couleurs neutres pour représenter les personnages et laisser cours à l’imagination du lecteur, et j’ai voulu faire un contraste entre leur aspect enfantin fidèle à l’adaptation de Disney et leur posture, puisque Blanche Neige semble fuir le prince, véhiculant un sentiment de crainte et d’insécurité."

C’est ensuite Thomas qui a présenté Le croisement des mondes, de Méline et Yeleen L’Her Gao. Pour sa troisième participation au concours, Méline s’est associée à sa sœur Yeleen, pour nous proposer une uchronie en Méso-Amérique, et le récit haletant de deux destins qui se croisent à quelques années d’un immense choc de civilisations : Nahualli, apprenti-prêtre mexica, et Juan, jeune conquistador ébloui par la rumeur fabuleuse de l’eldorado.
"Nous étions en vacances à Bruges, en Belgique, et nous sommes passées devant le musée du chocolat. Le musée exposait la découverte de l’Amérique, d’où viennent les fèves de cacao, ainsi que l’histoire des peuples indigènes. Nous avons été intriguées par le peuple aztèque ainsi que leurs traditions et nous nous sommes amusées, pour passer le temps, à inventer une histoire. Nous
nous sommes également inspirées d’une série chère à notre enfance : Les merveilleuses Cités d’Or.
Afin d’enrichir notre histoire, nous avons fait de nombreuses recherches sur le peuple et les mythes aztèques, afin de proposer une description que l’on espère réaliste de l’Amérique au XVIe siècle. Enfin, le fait d’être jumelles nous a facilité la rédaction du roman puisque nous étions toujours ensemble !"
Antonia Yanou, qui a illustré la couverture, a également dû mener des recherches approfondies : "J’ai complété les informations que l’on m’a fournies par des recherches afin d’en savoir plus sur la civilisation aztèque et la conquête du Mexique par les Espagnols et Cortés.
En ce qui concerne le dessin, je me suis inspirée des différents personnages, que j’ai tenu à faire apparaître au 1er plan, un peu comme sur un codex ou un bas-relief aztèque."

Dernier roman en lice, Les Rêveurs, de Zoé Faust. C’est Auguste qui a présenté cet ouvrage, relayant les impressions de Sophie et Malou, qui ne pouvaient être présentes.
Depuis quelques temps, Anna, la jeune héroïne, fait des cauchemars prémonitoires dont elle est incapable d’empêcher la réalisation. Démarchée par une mystérieuse jeune femme, elle découvre que ce "don" est partagé par une communauté occulte et onirique baptisée "Les Rêveurs", qui lui ouvre les portes d’une infinité d’univers parallèles, merveilleux et... dangereux. Car un groupe dissident, Les Terreurs nocturnes, est décidé à semer le chaos.
Pour Zoé non plus cette édition n’était pas une première, si ce n’est qu’elle a changé de rôle : jurée deux années de suite, c’était sa première participation comme candidate : "Je me souviens avoir eu un déclic durant le confinement, quand j’étais âgée de 9 ans : je lisais toute le journée et pendant plusieurs heures des romans de la saga Harry Potter, tellement que j’en suis arrivée à avoir mal à la tête !
En ce qui concerne l’écriture, je rappelle une histoire que j’ai écrite à environ 8 ans, Flora et les Elfées. À l’époque j’étais très fière, mais aujourd’hui quand je le relis je me rends compte à quel point j’avais des problèmes catastrophiques en grammaire et en orthographe. J’ai fait partie du jury du concours de romans du collège et je m’étais juré, dès la 6e, que j’allais moi aussi un jour tenter ma chance. Au mois de juin 2024, un dimanche, je me suis amusée à imaginer un scénario dans ma tête, comme d’habitude. Sauf que d’habitude ils restaient bien au chaud. Cette fois-ci, je ne saurais dire ce qui était différent, mais je savais que je devais le coucher sur papier."
Kira Tsia-King-Fung, l’illustratrice, témoigne à son tour : "J’avais plusieurs options pour illustrer ce récit. J’ai d’abord pensé à représenter les principaux personnages pris dans une brèche, mais comprendrait-on qu’ils voyageaient par les rêves ? J’ai alors reconsidéré ma perspective pour me concentrer sur le regard de l’héroïne, ouvert sur un espace avec lequel elle interagit, puisque ses rêves sont aussi des images mentales. J’ai utilisé une technique mixte avec crayon, feutre et posca. J’espère que mon dessin plaira à l’autrice et qu’il plaira au lecteur."
Après que chaque participante de s’est vu remettre par Muzzammil une affiche originale de son roman, et un rapport du jury, on a mis fin au suspense : bienvenue au Croisement des mondes, petit dernier de la collection "Hauts Grillets" du CDI !
Des exemplaires rejoindront également les rayons des collèges Roby, Debussy, et du lycée international.
Les organisatrices renouvellent leurs chaleureux remerciements au FSE du collège et au Club International, sans l’indéfectible soutien de qui ce concours n’aurait pas lieu, ainsi qu’à notre partenaire de toujours, Serge Thierry-Mieg d’Harmoprint.